Renommer de Sophie Chérer
Voici un livre distribué par l'Ecole des Loisirs pour les ados. Boulot oblige, je feuillette souvent ce genre de bouquins. Là, j'ai été attiré par son aspect étymologique. Chaque chapitre présente un mot, son origine et ses déclinaisons. Des mots choisis par l'auteur, on dirait même un recueil de chroniques étymologiques. Et puis, au fil de la lecture, on s'aperçoit que, loin d'être un recueil étymologique, c'est en fait une chronique de l'air du temps que nous livre l'auteur. Une chronique à laquelle on peut adhérer ou pas, mais une chronique qui entraine réflexion. Le niveau n'est pas universitaire, c'est vrai, mais il est loin d'être basique et va demander à nos petites têtes d'adolescents de tourner. En cette période confinée devant les écrans, les rumeurs et les vidéos trotrolol, ça peut faire du bien. En tout cas, moi qui suit sensé ne plus être un ado depuis belle lurette, ce livre m'a bien plu.
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Senso de Alfred
"Tiens, lis ça", me dit un collègue. Ce dessin, ligne claire, me dit vaguement quelque chose... Germano est de ces personnages qui passent à côté de tout. Il n'habite pas son monde, les événements se déroulent autour de lui sans qu'il réussisse à les vivre. Mais il les ressent et se retourne pour voir qu'ils sont déjà passés. Que fait-il au milieu de ce mariage dans le sud de l'Italie ? Il regarde sans participer, en espérant avoir une chambre dans cet hotel... Senso n'est pas un album pour raconter, c'est un album pour ressentir. L'auteur réussit cet étrange alchimie de faire jouer les sens du lecteur en utilisant une ligne claire bien plus propice à la narration. C'est peut-être pas vraiment de la ligne claire, ses paysages y jouent certainement un grand rôle, l'effet de ses silences aussi.
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Les Furtifs de Damasio
Damasio, encore, mais comment résister ? Les premiers chapitres de ce livre m'ont perturbés. J'ai eu peur du livre de trop, de l'auteur qui joue avec les mots pour le plaisir de jouer avec. Qu'est-ce qu'il cherche à me dire avec son histoire de parents séparés et d'enfant disparu ? Dans les Furtifs, ne cherchez pas l'auteur de la Horde, ne cherchez pas non plus celui de la Zone, même si les accents anarchistes y sont toujours aussi forts. Laissez-vous simplement entrainer par le rythme narratif de Damasio. Laissez-vous pénétrer par ce monde un peu trop proche du nôtre. Et surtout, suivez-le dans sa jouissance partagée de la langue et des mots. Comme dans la Horde, la succession des narrateurs devient rapidement très fluide, comme dans la Zone, le récit est nettement séparé en plusieurs strates, chacune pouvant constituer un tome indépendant. Comme dans chaque, une fois que vous avez pris la main de Damasio, il ne vous lâche plus.
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L'Abolition de R. Badinter
Après Damasio, il me fallait quelque chose de plus léger. L'Abolition, plus léger ? Oui, pas de narration ici, pas de changement de point de vue ou de dialogues entre personnages. Juste la montée vers cette loi n°81-908 que Badinter fera voter dès 1981, article 1 : La peine de mort est abolie. J'avais parlé de la BD de Gloris et Kerfriden l'an dernier, et j'ai eu peur que ce livre n'apporte pas grand chose de plus, tant les premiers chapitres racontant le procès Bontems se retrouvent semblables du livre à l'album. Mais la suite, avec les mots de Badinter lui-même, le tourbillon de ses plaidoiries, sa lutte d'une décennie pour enfin voir son projet aboutir, méritent largement la lecture de ce livre.
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Comics des Editions Vaillant
Là, j'avais vraiment besoin de légèreté. Coup de chance, juste à ce moment là BDZoom annonce que les éditions Vaillant ont mis en ligne de larges extraits (une centaine de pages à chaque fois) de leurs intégrales, sans briser les arcs narratifs. Alors c'est du pur super-héros et je suis loin d'adhérer à tout. Mais il y a des trucs qui m'ont bien tapé dans l'oeil : - Harbinger, un jeune psionic qui se cherche. On est clairement dans les X-Men, mais ça se tient. - Bloodshot, le guerrier ultime complètement manipulé qui se libère de ses marionnettistes. Et la version Reborn où il est enfin libre mais va être obligé de replonger... - Shadowman, un héros possédé par un Baron Samedi qui lutte contre les incursions démoniaques. - Divinity, un cosmonaute soviétique qui revient des confins de l'univers avec des pouvoirs divins. Si vous allez y faire un tour, dites moi quels sont vos préférés.
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Les Vieux Fourneaux #3 et #4 de Lupano et Cauuet
J'étais resté avec un goût de reviens-y dans les tomes 1 et 2, mais surtout avec un souvenir de one-shot. Quelle erreur ! On a un véritable univers en train de se créer. Le trio Pierrot, Mimile et Antoine prend du corps, tout comme le petit village Tarn-et-Garonnais de leur enfance. Les personnages secondaires s'épaississent aussi, évidemment, au point qu'on commence à pouvoir regarder la fresque avec un peu de recul. Oh très peu encore et je ne suis pas sûr que Lupano sache tout à fait là où il nous emmène, mais on progresse lentement dans ce qui semble bien devenir une intrigue. Il me faut le tome 5 !
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Les grands arrières #T2.2 de Jaworski
Allez, je termine le mois (bon, ok, j'ai un peu mordu sur avril) avec une autre pointure. Ce troisième tome des Rois du Monde tient toutes les promesses des deux précédents. Alternant toujours les aller-retours entre le passé et le présent de Bellovèse, Jaworski le met une fois de plus au coeur d'évènements dont il doit tenter de se dépêtrer. Cette fois, c'est surtout face à ses choix que Bellovèse va se retrouver. Après l'avoir découvert enfant et jeune adulte, voici que des ambactes se lient à lui et qu'il se marie. A-t-il fait le mauvais choix en défendant le haut roi ? Et à quel juge vont le livrer les hommes qui le tiennent ? Et, bien sûr, ce tome se termine par un cliffhanger ! Vais-je réussir à attendre la sortie des suivants en poche ?
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