Voyage astral
Il décrivait des cercles qui l'entraînaient toujours plus profondément, à la limite des eaux sombres. Il avait peur de s'endormir dans les eaux tièdes proches de la surface. Non, il avait simplement peur de s'endormir, que ce soit en surface ou plus profondément.
Depuis l'apparition de cette nouvelle étoile, il n'arrêtait pas de faire des rêves étranges. Des rêves étranges et désagréables. Un son s'était imposé à son esprit pour désigner ce qu'il ressentait au sortir de ces rêves, un mot qui n'existait pas et dont il ignorait la signification mais qui convenait pourtant : sec.
Il avait tenté de l'expliquer à sa compagne.
Il évoquait le sable qui se trouvait au fond des nids de pieuvres. Ce sable, mais qui frotte contre le derme comme de la roche dentée et plus chaud qu'un souffle de fumeur. Une étendue de sable qui serait aussi vaste que la portée de son chant.
Elle ne comprenait pas.
Comment le pourrait-elle ?
Elle était partie.
Ou était-ce lui qui était parti ?
Il n'avait plus revu quiconque depuis et s'éloignait toujours plus de la surface.
Mais il finissait toujours par s'endormir et son esprit s'éveillait à nouveau à ce monde inconnu.
Dans ses rêves, il n'avait pas peur. Il arpentait lentement ce monde, comme collé au fond, sous le chant mélodieux d'une voix qu'il reconnaissait. Une voix qu'il ne connaissait pas et qui disait produisait des sons secs.
Un léger tintement l'accompagnait, celui de bracelets qu'il portait à ses membres supérieurs, membres qui s'étaient affinés et allongés. C'est ce tintement qui le rassurait.
Mais dès que le rêve s'achevait, il reprenait peur.
Il sentait petit à petit son essence s'effilocher.
Il lui fallait franchir la barrière de l'obscurité. Là, il serait enfin à l'abri de ces rêves, de cette voix sèche, il pourrait à nouveau concentrer toute son essence dans les eaux intérieures de son être.
Alors il plongea.
Son essence se dévida comme le long lacet des himanthales. Elle s'étira puis se rassembla.
Les bracelets l'attendaient.
Finalement, j'ai donc accentué le contraste bleu/blanc.
L'aspect reste toujours granuleux à la photo. J'imagine que ma sous-couche y est pour beaucoup...
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