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Au bord du Fleuve
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17 décembre 2012

Oh rats, je...

Le bras gauche immobilisé par la mauvaise blessure qu’il avait reçue, Ifrah’ tournait en rond. C’était encore une fois ce bras qui avait été blessé. "Un bras qui agit, un bras qui tient", c’était la devise qu’il avait apprise des Belluaires. Tant qu’il tient, se répéta-t-il, je tiens.

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Ifrah’ ressassait les heures passées avec le Cheikh Araoui et se reprochait les confidences qu’il lui avait faites. Heureusement, il n’avait évoqué que ses souvenirs des jours passés dans le désert. En tout cas, c’est ce qu’il lui semblait. Mais ce Cheikh était bien trop perspicace et ramenait bien trop souvent la conversation vers sa famille.
Ifrah’ le trouvait pourtant sympathique et aurait bien aimé confier à quelqu’un d’autre qu’à son talj'hyal les souvenirs qui ne cessaient de le hanter. L’amour qui liait ses parents au point qu’ils l’oubliaient, les cris de terreur de sa mère qui le réveillaient la nuit, la morsure du froid qui lui donnait l’impression d’exister, les femmes aveugles inquiètes que sa mère hébergeait, la milice Ermadhi qui venait chercher son père. Mais rien de tout ça ne devait franchir ses lèvres, il en allait de la sécurité de trop de personnes qui lui étaient chères, en particulier sa mère, Sorhna renégate.

A qui donc était fidèle Araoui ?

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Et puis, la sorcière des neiges, Iëcha, était désormais avec eux. Pouvait-il lui faire confiance ? Sa mère ne lui avait rien dit à son sujet quand il était revenu.

Un élancement de sa blessure lui fit rouvrir les yeux. S’était-il donc endormi ?
Les herbes que lui avait fait mâcher la sorcière étaient amères, mais elle lui avait assuré qu’elles ne feraient qu’endormir la douleur sans émousser ses réflexes de Khaliman. Et voilà qu’il s’était endormi !

Les palabres entre les Cheikhs étaient enfin terminées. Ils ne pouvaient pas rester longtemps dans ces souterrains. Il leur fallait continuer à avancer malgré leurs blessures sans perdre de temps. Les Triadiques étaient certainement encore dans les parages et voulaient la même chose qu’eux, rencontrer les survivants.
Un jeune apprenti attira le regard d’Ifrah’. Il n’avait pourtant rien de remarquable, mais la lueur d’une torche avait révélé qu’il était suivi d’un enfant à la queue coupée. Que pouvait donc faire un enfant dans ces souterrains ?

Ifrah’ n’eut pas le loisir d’y réfléchir plus longtemps. Araoui vint le chercher en compagnie d’un autre Cheikh à l’air jovial. Sans l’avoir jamais rencontré, Ifrah’ sut qui il était en un instant. Le calme et la sérénité qui émanaient de lui, la déférence que montrait Araoui à son endroit, tout indiquait qu’il s’agissait du Kabircheikh Hakim Ibn Khalid.
- Les soins de la sorcière ont-ils eu le temps de faire effet ? Te sens-tu prêt à nous accompagner ?
Ifrah’ ne cacha pas son étonnement lorsqu’il entendit le Kabircheikh appeler ainsi Iëcha avec un grand sourire. Il se secoua et déclara que bien trop de temps avait déjà été perdu.
- Tu as la langue bien pendue, jeune Ermadhi, répondit Hakim, et je rends honneur à ta vaillance. Mais tu ne devrais pas négliger l’importance d’une conversation, si longue puisse-t-elle te paraître, ni sa force.

Une petite troupe se mit en marche derrière Hakim. Au long des couloirs souterrains, glissaient silencieusement les pas des Jarayas qui escortaient le Kabircheikh. Derrière eux, avançant prudemment entre les flaques gelées, venaient Méharistes et Touaregs qui se demandaient bien ce qu’ils faisaient là.
Ifrah’ suivait, il avait laissé son félin à l’attache à l’entrée des souterrains avec suffisamment de viande pour que l’animal ne sente pas le temps passer. Personne ne lui avait demandé d’où provenait cette viande, c’était heureux.
Iëcha et l’Ifrit Qaniss fermaient la marche. Pas un son ne sortait de la bouche de la sorcière, elle semblait même ne pas respirer, alors que le guerrier à ses côtés humait l’air d’une étrange et insistante façon. Que pouvait-il donc sentir dans cette puanteur moisie qu’Ifrah’ ne remarquait pas ?

Alors qu’ils débouchait dans un vaste espace où pénétrait la lumière extérieure par quelques puits, l’odeur fit suffoquer Ifrah’. Toutes les latrines de la prison devaient aboutir dans ce vaste cloaque traversé par un caniveau dont personne n’aurait aimé connaître le contenu. Les piliers de soutènement étaient recouverts d’une croûte noirâtre qui montrait assez bien que le niveau de liquide était à son plus bas. Au milieu de tout ça pullulait une population de rats particulièrement bien nourris.

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Contrairement aux craintes d’Ifrah’, ce n’étaient pas les membres de la Triade qu’ils eurent face à eux, mais des Aurloks qui cherchaient à atteindre la sortie de cette citerne avant eux. Hakim, l’œil malicieux, suggéra qu’on repousse les rats vers eux pour gagner du temps. Œuvre de diplomate…
Voilà donc la troupe de Khaliman partie dans toutes les directions repousser les rats vers les Aurloks.

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Ceux-ci ne goûtèrent guère le stratagème et décidèrent de renvoyer les rats sur nous.
Ifrah’ se mit alors à crier des invectives à leur intention, leur disant qu’ils feraient mieux de s’occuper de lui plutôt que de chasser les rats. Un énorme auroch ne se le fit pas dire à deux fois et lui couru sus. Ifrah’ continuait à les provoquer tant et plus, ce qui décida un féroce guerrier loup armé de griffes acérées à se jeter sur lui.

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Les rires et quolibets du belluaire s’arrêtèrent net lorsqu’il fut projeté à terre, mais ses provocations avaient eu l’effet escompté.

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Au moment où il toucha le sol, Ifrah’ aperçut les Khalimans repousser tous les rats vers le couloir d’où étaient sortis les Aurloks. Ses yeux se fermèrent lorsqu’il entendit le long hurlement de celui faisait face au Kabircheikh.

 

 

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 Dans son délire, Ifrah’ se revit des centaines de fois face au loup qui l’avait fait tomber. Pas une fois le sourire moqueur ne quitta les lèvres du belluaire…

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Commentaires
M
Une compil, pourquoi pas, j'essaierai d'y penser en fin de campagne. Quant à ouvrir une page dédiée ou un autre blog, j'aime ton enthousiasme Sam, mais c'est quand même d'un intérêt très très limité ;)<br /> <br /> Cela dit, il y a toujours le tag Ifrah' qu'on peut suivre pour retrouver toutes ses aventures !<br /> <br /> Et la suite ne va pas tarder. Si la fin du monde nous en laisse le loisir, les vacances arrivent :)
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S
Excellente histoire! toujours aussi bien écrite, bravo!<br /> <br /> à ne lire que des petits morceaux de temps en temps, je suis un peu perdu! <br /> <br /> c'est vrai qu'une compil ou un truc de ce genre serait intéressant, il faudrait que je reprenne tout au début à chaque fois...<br /> <br /> tu ne peux pas faire une page supplémentaire comme ça existe sur blogger?<br /> <br /> ou carrément un autre blog?
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C
Super compte-rendu ! J'aime beaucoup.<br /> <br /> Tu penses faire une petite compilation téléchargeable avec toutes les histoires à la fin des chroniques ?<br /> <br /> <br /> <br /> Bon sinon, il ne reste plus que celui de ce mois-ci à faire :D
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