Ouvrir les portes !
Tahub Abid, jour 8
Une blessure stupide reçue stupidement et qui va me retenir au repos alors qu’il y a tant à faire… Mettons au moins ce temps à profit pour envoyer quelques messages à Jahida, qu’elle puisse calmer les ardeurs de l’armée.
Et puis il y a ce jeune Ermadhi… Ifrah’ ! Jusqu’à présent je n’ai guère pu obtenir de lui, quelques bribes d’un séjour dans le désert Asfar, séjour qu’il n’a vraisemblablement pas apprécié. C’est mon arc qui a déclenché ces souvenirs, il faudra que j’y revienne.
Tahub Abid, jour 9
Je lui ai tendu mon carquois et demandé de vérifier l’empennage des flèches et les confidences ont commencé à surgir.
Ifrah’ Ibn Ermadhi est le fils de Chalad Ibn Malikh, un guerrier du désert tombé amoureux fou d’une jeune Sorhna d’origine Ermadhi. Le jeune Ifrah’ ne connu que les étendues glacées jusqu’à ses 16 cycles, âge auquel son père l’envoya en tutelle chez son frère, un touareg d’Asfar. Ifrah’ découvrit en même temps la chaleur du désert et la sollicitude d’une famille. Entouré de cousins de tous âges, il essaya de s’adapter aux mœurs des touaregs, mais l’arc n’était pas une arme faite pour lui. Il avait manié pendant trop longtemps l’harba des Ermadhis pour devenir un bon archer.
C’est dans avec les belluaires qu’il trouva sa voie. Les longues traques dans le silence du désert lui rappelaient ses errances dans la toundra. Le dressage et les soins qu’il apportait aux khergars lui donnaient la compagnie qui lui avait toujours manquée.
Lorsqu’il fut temps de rentrer au Califat de la Blanche Robe, Ifrah’ était un homme fait. Le désert et la présence des bêtes avaient fini de le façonner, renforçant en lui ce qu’il avait acquis au cours de ses jeunes années, en bien comme en mal. Ifrah’ allait devenir ce belluaire des neiges que j’ai maintenant à mes côtés.
Tahub Abid, jour 9, le soir
J’ai réussi à ouvrir la porte à la parole d’Ifrah’, mais je sens bien qu’il reste de nombreux points d’ombre. Je pensais que son félin, ce dangereux talj’hyal, serait une nouvelle clé, pourtant je n’ai rien obtenu de plus.
Tahub Abid, jour 10
Iëcha, la sorcière des neiges, a répondu à ma demande et me donne rendez-vous demain.
Le pansement de pavot m’a suffisamment fait oublier la douleur pour une séance d’entraînement au tir avec Ifrah’. L’arc n’est effectivement pas une arme faite pour lui. La gène que lui provoque la cicatrice qu’il porte à l’avant-bras gauche ne fait qu’accentuer ses piètres capacités de tir.
Durant cet entraînement, la seule information que j’ai pu lui soutirer est que cette cicatrice ne vient pas du désert, elle est plus récente. Mais la conversation n’a pas duré et Ifrah’ s’est refermé.
Tahub Abid, jour 11
Iëcha m’attendait avec un Ifrit Qaniss. J’avais réussi à faire pénétrer mon groupe jusqu’aux leviers et nous n’avions plus qu’à ouvrir les portes. Malheureusement, les hommes de la Triade que nous avons rencontrés il y a peu étaient là.
Les deux ghulams qui m’accompagnaient ont rugi à leur vue et se sont rués vers le premier levier.
J’ai confié à Ifrah’ et ses bêtes le soin de tenir le second levier et de maintenir la porte ouverte…
Notre mission a réussi, Iëcha et l’Ifrit Qaniss ont pu nous rejoindre. Mais Ifrah’ est tombé sous les coups des sentinelles adverses.
Même si son félin a réussi à le venger et a pu protéger son maître de la mort, je me reproche les blessures qu’il a subi. Maintenant que nous avons pénétré dans les souterrains du pénitencier, nous ne pouvons plus faire demi-tour.
J’espere en l’arrivee de mon maitre.
Extrait des carnets personnels du Cheik Araoui Ibn Khalid